Si l’on transforme quelque peu cet aphorisme en « plus on est nombreux, plus on est heureux dans sa commune », la grande majorité de nos concitoyens partagerait-elle cette boutade ?
Elle m’est venue en apprenant le projet de combler le creux, entre les avenues Georges Marchal et de Merode, par de nouvelles constructions. Pour nos édiles communaux, il s’agit d’un chancre ! Un ou deux jardins sont effectivement peu entretenus. Mais si l’on y remédiait, cet ensemble de verdure, avec son potager, donnerait un charme certain et inattendu de ‘village’ au centre de Rixensart. Le trottoir qui les surplombe pourrait être bordé d’arbres palissés.
Mais qui, parmi nos élites dirigeantes, se soucie de garder cet aspect à Rixensart ?
D’aucuns répliqueront : « C’est une zone d’habitat ». Certes, mais une zone d’habitat s’aménage comme n’importe quelle autre. Bien sûr cela demande des compétences, une vision à long terme et une grande fermeté de caractère. Sans cela, le « creux » risque de ressembler à une ruelle napolitaine aux façades si proches que l’on pourra tendre, entre elles, des cordes à linge.
Pour en revenir à cet îlot, il faut se rendre compte qu’ente les futures façades, donnant sur l’avenue Marchal et les façades arrière de l’avenue de Merode, la distance varie de 12 à 28 mètres. Si l’on sait que la rampe d’accès qui mène aux futurs garages en sous-sol devra être large d’au moins quatre mètres et la profondeur des garages d’au moins six, la dalle du rez-de-chaussée atteindra 10 mètres de large.
Ne parlons pas de questions telles que : Y-aura-t-il une unité architecturale ? Tous les propriétaires voudront-ils construire ? Y aura-t-il encore un espace entre bâtiments de l’avenue de Merode et de l’avenue Marchal ou seront-ils jointifs ? Que deviendra le niveau inférieur au niveau des jardins du côté Merode ? Quel ensoleillement entre les façades arrière dans cette dénivellation une fois comblée ? Quel éclairage naturel intérieur si les bâtiments se rejoignent ?
A ces questions, un membre du Collège m’a répondu : « Le Plan Communal d’Aménagement des Gares règlera ça ». Je suis désolé mais un PCA ne résout pas cela.
A Rixensart comme dans d’autres communes les habitants sont les victimes d’un concept à la mode – concept justifié dans des cas précis – « la densification des centres et de leurs abords ». Combien de Rixensartois venus habiter ici, poussés par leur désir d’échapper à la ville, il y a quarante, trente, vingt ou dix ans, y viendraient encore ?
L’absence de vision politique de l’aménagement du territoire, aménagement confié aux soins de bureaux spécialisés, peut-être pour se donner bonne conscience, a fait de Rixensart une commune hybride, ni ville, ni campagne. Et ce n’est pas fini, de nouvelles concentrations de bâtiments devraient voir le jour à la suite des travaux du RER. Waterloo et Ottignies sont devenues des quartiers bruxellois, Rixensart suit le même chemin.
Quant à l’argument « plus il y a de logements moins ils sont chers et nous pourrons loger nos jeunes et nos anciens » il est l’utopie même. Les prix des logements sont ceux du marché de l’offre et de la demande. Sauf si la commune joue au promoteur.
Michel WAUTOT