Poirier Dieu : plus d’habitants, moins de mobilité

20151216 PCAR Poirier Dieu Plan de destination.jpgNotre but n’est pas d’exposer en détails ce plan communal, mais d’en donner les grandes lignes et d’en déduire quelques réflexions.

Définition

Un PCA est un plan voulu par la Commune et approuvé par le Gouvernement wallon. Il concerne un endroit délimité du territoire communal. Une fois adopté, il ne peut y être dérogé sauf en cas de révision. Le Poirier-Dieu est dit ‘révisionnel’, car, dans ce cas-ci, on change la ou les affectations des terrains sur lesquels il va se superposer.

Situation

Le PCAR (Plan Communal d’Aménagement Révisionnel) Poirier-Dieu (1) est délimité par le périmètre compris entre les rues de la Bruyère, Mascau, des Volontaires, du Tilleul et du Vieux Chemin de l’Helpe, soit un îlot de 13,14 ha. Dans ce périmètre il y a :

– le site de l’ancienne société GSK et l’ancien PCAD Poirier-Dieu forment une superficie de 6,49 ha.
– le site de l’école et les autres terrains totalisent 6,65 ha

Origine de ce PCAR

Le site a déjà fait l’objet de plusieurs PCA :

– 1965 | habitat – laboratoire – artisanat
– 1986 | révision partielle : agrandissement zone labo et définition du type d’habitat
– 2002 | révision du plan de secteur : création d’une zone bleue et d’une nouvelle zone d’habitat
– 2010 | le site se trouve intégralement en zone urbanisable, principalement en zones d’activité économique, industrielle et d’habitat urbain.
– 2015 | nouvelle révision du plan de secteur à la suite de la disparition de la zone économique et industrielle

Composition

En zone bleue : (services et équipements communautaires) L’actuel bâtiment GSK à front de la rue des Volontaires qui deviendrait la nouvelle maison communale et de ses services, sauf le Service Travaux. Tous les autres bâtiments GSk seront rasés. La MRS (maison de repos et de soins) de 185 lits L’école et les terrains communaux adjacents

En zone rouge (habitat) : 150 logements, et 15 en plus mis à disposition de la commune. Le nombre de logements a été déterminé en se référant à la densité préconisée pour cette zone (résidentielle dense) dans le Schéma de structure communal : soit 20 à 25 logements à l’hectare.

En zone verte : les espaces de végétation. La circulation se fera en espace partagé (priorité aux usagers doux). Deux entrées l’une avenue des Volontaires, l’autre rue de la Bruyère. La maison communale aura sa propre entrée, normalement rue du Tilleul.

Les acteurs

Il y en a quatre, chacun ayant son point de vue.

– le Promoteur considère en priorité la rentabilité optimale de son achat.
– la Commune doit trancher entre : les options de son Schéma de structure, l’aménagement proposé (dans le cas du Poirier-Dieu) par le maître de l’ouvrage, la perspective de rentrées fiscales nouvelles, la pression de la Région à densifier les communes et les propositions des habitants, principalement des riverains.
– la Région Wallonne considère les implications légales du projet et son adéquation avec sa politique du moment.
– les Habitants (les riverains) considèrent les désagréments potentiels du projet, puis proposent leur solution pour les réduire.

Quelques réflexions

– Lorsqu’un PCA est envisagé, la première démarche à faire est sa présentation aux riverains par la Commune. C’est un élément essentiel afin de dégager un accord sur les grandes lignes. Normalement, une fois l’étude de l’avant-projet lancée, la commune institue un groupe de travail. Il faut y associer le ou les représentants des riverains. Ces deux éléments sont souvent négligés. Après on tentera de réchauffer les plats, mais la méfiance persistera. On ne peut demander aux habitants de connaître toutes les règles d’aménagement du territoire en vigueur dans la Commune, d’où l’importance de déblayer le terrain.

– Il y a deux éléments incontournables dans un PCA : d’une part le nombre de nouveaux habitants et la mobilité qu’il générera et d’autre part leur impact sur l’ensemble de la Commune.

– Le Schéma de structure de Rixensart préconise : « Pour assurer une évolution harmonieuse de la Commune, il faut veiller à un juste équilibre entre l’augmentation du nombre d’habitants, le développement des équipements, infrastructures et services, et la protection du cadre de vie. La détermination du nombre optimal d’habitants doit être le fruit d’une réflexion sur l’aménagement des différents quartiers. Pour la prévision de certains équipements ou infrastructures, il est nécessaire de fixer un chiffre global de population. Le nombre de 25.000 habitants peut être avancé, mais en le considérant comme une valeur plafond et pas comme un objectif à atteindre ».

La question est de savoir si le PCAR du Poirier-Dieu répond à ces critères.

– Population : Nous sommes proches des 22.000. En gros, si l’on ajoute les chantiers en-cours et prévus nous atteindrons les 23.500. Au rythme où, dans la commune, les maisons unifamiliales sont remplacées par des appartements, où les maisons particulières sont divisées et le fait qu’il existe encore quelques vastes terrains, nous risquons d’atteindre, plus vite que pensé, notre plafond. D’où la plus grande prudence s’impose en fixant une densité des logements à l’hectare.

– Mobilité : Aujourd’hui, les points de stagnation du trafic sont déjà là, sans tenir compte de l’impact des chantiers en-cours. Le fiasco du RER fera persister la congestion du trafic routier qui, lui, ira en augmentant.

L’avant-projet du PCAR du Poirier-Dieu (2), présenté au Conseil communal de décembre, n’est certainement pas parfait, aucun PCA ne l’est. Si le groupe de travail, qui s’en préoccupe, a déjà engrangé plusieurs améliorations, il devra poursuivre son analyse et aussi tenir compte des remarques objectives qui lui parviendront. Une diminution de la densité semble une option raisonnable.
(L’idéal, compte tenu des deux points ci-dessus, serait d’une cinquantaine de logements !)

Aussi, une attention particulière sera portée :

– Aux zones bleues qui doivent comprendre, comme précisé : Maison communale, MRS, Ecole et ses terrains. Ces zones bleues interdisent de faire du logement. De plus, si la zone bleue hachurée de rouge est maintenue, tout aménagement doit, en cas de changement de sa fonction, continuer à être un aménagement au service des habitants. Les bâtiments rez+3 étages sont situés exclusivement dans les zones bleues, et limités aux bâtiments existants ou qui seront conservés et à la nouvelle MRS.

– En zone rouge : les niveaux seront des rez+1 (maisons unifamiliales) et rez+2 (appartements), en faisant très attention à la répartition de leurs implantations. Enfin l’aménagement général (construction, végétation, mobilité), donnera un aspect « villageois » à l’ensemble.

Conclusion provisoire

In fine, ce PCAR sera acceptable, s’il répond aux options du Schéma de structure qui a défini le caractère de Rixensart comme une commune résidentielle à caractère villageois et aux recommandations formulées ci-dessous :

1. La densité doit être revue et diminuée. Son calcul doit tenir compte des zones vertes. Celles-ci ne sont pas nommées dans les Options et prescriptions de l’Avant-projet ;

2. Au groupe de travail en charge du dossier, il serait intéressant d’adjoindre un porte-parole des habitants ;

3. La zone AB (bleue hachurée rouge) devrait idéalement redevenir bleue. Actuellement le manque de précision concernant une possibilité de projet met en danger l’avenir de cette zone, dont déjà une partie devrait être dévolue à un agrandissement potentiel de l’école. Tout autre projet, au bénéfice de la population, devra rester propriété communale ;

4. Les rez +3 resteront cantonnés en zone bleue, tout nouveau bâtiment devra avoir une des destinations des zones bleues ;

5. Dans la prochaine phase de l’évolution de ce PCAR, les points 3.4 « options architecturales générales » et 3.7 « paysages » devront être repris et leurs options être obligatoires pour le maître de l’ouvrage. En résumé il s’agit de la cohérence paysagère de l’ensemble du site, tant au niveau architectural, végétal et décoratif.

Michel Wautot

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(1) Complément à cet article > Plan de destination (+ légende) et plan masse indicatif (+ légende)
(
2) Conseil communal du 16 décembre 2015