« PROXIMITÉ ! … Pourquoi ? » et « Parole de citoyen », – deux articles récents publiés par PROXIMITÉ, relatent l’intérêt d’avoir en démocratie un groupe totalement indépendant et libre de sa parole face aux « professionnels de la politique ». Ils dénoncent également certaines causes entrainant le désintérêt des électeurs face à quelques élus, – toujours trop nombreux, qui ont abimé l’image de la démocratie et trompé leurs électeurs en servant leur intérêt personnel plutôt que celui du bien commun. Il est à présent utile d’attirer l’attention de l’électeur en soulignant l’importance du vote en démocratie.
« Voter ? … ce sont toujours les mêmes qui reviennent ! »
De manière générale, en démocratie, le suffrage universel ou le pouvoir de choisir ses gouvernants, est pratiquement le seul mode d’action dont dispose le citoyen. Voter est donc important ! Mais ce pouvoir est-il réel ? N’est-ce pas un jeu de dupes ? Sommes-nous vraiment en démocratie ? Quelle est l’importance de notre implication citoyenne ? La création d’une liste et le classement des candidats constituent, pour les partis politiques, la première étape d’une importante stratégie électorale. Elle doit répondre d’une part aux aspirations ou exigences de ses candidats « bons serviteurs du parti » ou « grands pourvoyeurs de voix », qui recherchent une visibilité maximale sur la liste afin d’augmenter leurs chances de réélection. D’autre part, il faut également répondre aux espérances du parti dont l’importance ou le poids politique s’exprime en sièges. Cette préparation, relève de la responsabilité des partis et échappe totalement à l’électeur.
Ceci étant, il appartient aux candidats de se faire élire. En professionnels de la chose politique, ils entament, le temps d’une campagne, un « jeu de séduction ». Ils font preuve d’une grande attention, d’une disponibilité sans limite et d’une communication quelque peu envahissante face à un électorat peu motivé et souvent désabusé par le sentiment d’être moqué et trompé.
A ce stade, la démocratie a laissé la place à la particratie.
La campagne terminée, l’électeur courtisé jusque devant l’isoloir, dispose, enfin, de quelques minutes pour s’exprimer et remplir son devoir de citoyen !
Actuellement, aux niveaux Fédéral et Régional, la stratégie électorale des partis est renforcée par deux subterfuges proches du charlatanisme, qui perturbent l’orientation du vote des électeurs.
En premier lieu, il y a l’effet dévolutif des cases de tête qui permet d’améliorer le score électoral des candidats les mieux placés sur la liste en leur redistribuant, la moitié des votes « tête de liste ». Ce faisant, cette procédure, autant habile que discrète, favorise l’élection des candidats en début de liste, généralement les grands pourvoyeurs du parti. Cette méthode est de plus une réelle entrave au renouvellement des cadres dirigeants ainsi qu’à l’émergence d’idées neuves.
D’autre part, un candidat effectif, élu mais pressenti secrètement par le parti pour une fonction exécutive, ne peut être remplacé que par un candidat de la liste des suppléants plutôt que par le candidat effectif ayant obtenu, après lui, le meilleur score en voix de préférence. C’est une façon parallèle de « placer » sans l’annoncer, un candidat apprécié par le parti. C’est en quelque sorte permettre au maillot jaune du tour de France de concourir sur un tandem et obtenir au final deux vainqueurs ex æquo.
Ces mesures qui se jouent loin de l’électeur, ne permettent pas de désigner les élus uniquement sur base des voix de préférence émises par l’électeur et renforcent bien évidemment l’idée de la particratie au détriment de la démocratie.
Et puis ?
Dès le soir des élections fédérales, régionales et même provinciales, le contact avec les électeurs se distancie à nouveau. Les partis se referment pour reprendre la culture de « l’entre soi ». Ils entrent en «conclave» et reprennent tous les pouvoirs démocratiques en contractant des alliances et en imposant les membres des différents exécutifs…. sans tenir compte des votes exprimés par l’électorat mais en répondant au mieux aux espérances des « bons serviteurs du parti » pour en faire des « grands serviteurs de l’Etat ».
Au niveau provincial et communal, tout est plus simple. Il n’y a pas de liste « suppléants ». Les suppléants éventuels sont désignés parmi les candidats non élus de la liste. Dès la fermeture des bureaux de vote, les différents groupes négocient pour obtenir une majorité de sièges et en réponse au choix de l’électeur, ce sont les candidats ayant obtenu le plus de suffrages dans les différents groupes qui exerceront un mandat. Par ailleurs, si au niveau communal, les électeurs connaissent généralement l’un ou l’autre des candidats et se sentent écoutés et respectés, il n’en va pas de même au niveau de la province dont le rôle des mandataires semble totalement incompris.
Le rôle du citoyen ne dure que quelques minutes, le temps de sa présence dans l’isoloir ; celui des candidats, le temps de la campagne électorale et celui des élus, le temps du mandat ….
Etienne DUBUISSON